France-Inter : Grand bien vous fasse !

Les goûts musicaux de vos enfants

Date : mer. 10 avril 2024 10:38
Auteur : France Inter
Les goûts musicaux de vos enfants - Cette semaine, Julien Bisson s'interroge sur les goûts musicaux des enfants. Ali : Mon cher Julien, la musique est-elle un bienfait pour les enfants ? Oui, évidemment, et ce n’est pas moi qui le pense, c’est la recherche scientifique qui nous l’apprend. Pratiquée très tôt, la musique va aider les enfants à développer leurs capacités cognitives, que ce soit à travers les comptines qui permettent d’exercer leur mémoire des mots et des gestes, ou plus tard avec les chansons et le solfège, qui vont améliorer leurs capacités d’abstraction et leur vocabulaire. Des études scientifiques ont même montré qu’avec ces nouveaux chemins neuronaux, un enfant qui pratiquait une activité musicale serait plus à même de réussir à l’école, d’apprendre des langues étrangères, d’être plus sociable et d’avoir une meilleure estime de soi-même. Sans même parler de la créativité que l’expérience de la musique, avec tout ce qui peut servir d’instruments de fortune, peut susciter ! Ali : Donc, c’est un grand oui pour encourager nos enfants à faire de la musique ? C’est un grand oui - pour eux en tout cas. Car pour leurs parents, ce n’est pas forcément la même limonade. Bon, je passe vite sur la période des comptines qu’il faut répéter à tue-tête pendant toute la journée. Résultat : on s’est tous retrouvés à faire la queue quelque part à se demander où sont passés les cro-cro-cros, les cro-cro-cros, les crocodiles, sans arriver à se l’enlever de la tête. Tiens, je vous invite d’ailleurs à la chantonner chez vous, c’est cadeau. Mais le pire, ce sont les parents d’enfants qui continuent la musique chez eux passé l’âge de cinq ans. Parce que dans ce cas-là, c’est pile je gagne, face tu perds. Si votre enfant joue très bien du piano par exemple, vous allez vous taper La Flûte enchantée en boucle pendant tout le printemps jusqu’à en devenir maboul. Mais s’il en joue très mal, eh bien là, vous allez devoir supporter une version massacrée du générique de Fort Boyard, en rêvant d’étrangler un chaton pour couvrir le bruit ! Mais bon, j’exagère un peu, pardonnez-moi André, je sais qu’il y a parfois pire que l’enfant qui joue de la musique. Il y a l’enfant qui en écoute. Ali : C’est-à-dire ? Il existe un risque non négligeable qu’en grandissant, votre enfant ramène un jour à la maison des tubes qui ne soient pas forcément du David Bowie, et que, pour des raisons diverses et variées, vous aurez du mal à supporter. Il y a les chansons qui font simplement saigner des oreilles pour leurs qualités musicales discutables. Il y a les tubes formatés pour ados qui fleurent un peu trop fort l’opération marketing. Il y a aussi les titres aux paroles contestables, violentes, ou misogynes, qui vous font demander comment votre bout de chou de la semaine d’hier s’est transformé en petit monstre copiant les mimiques de Jul en répétant qu’il va faire des choses pas jolies jolies à votre mère sur la Canebière… Ali : Et alors, que faut-il faire si votre enfant a des goûts de chiotte ? Déjà dédramatiser un bon coup, en vous rappelant que vous aussi, vous n’écoutiez pas que de la bonne musique à l’adolescence – Ophélie Winter, elle est pour toi celle-là -, et que chaque génération a succombé à une panique morale devant les hits de l’époque, qu’ils aient pour nom les Beatles, Led Zep, les Clashs ou NTM. Et vous dire que si vous voulez que votre enfant diversifie ses goûts musicaux, c’est peut-être à vous de l’aider. De ce côté-là, hélas, on ne peut pas tous avoir un André Manoukian à disposition – c’est un tort, notez-le, si jamais une IA personnalisée devait être inventée, je voudrais une Manouk-IA, qui me conseillerait des morceaux d’une voix enjouée, « ce matin, Shakira va te déclencher une ouverture de chakras sauvage », ou « ce soir, c’est Mylène Farmer, qui va te donner une érection capillaire ! » Mais, faute de Manouk-IA pour votre môme, il ne vous reste plus qu’à profiter de chaque trajet en voiture pour éduquer leurs oreilles à ce qui pour vous, très modestement bien sûr, con